Première messe, première arrivée !

Croisy-sur-Eure. 18 janvier. Onze heures. Les voix entonnent le chant d’entrée dans la chapelle du nouveau Village Saint-Joseph. Célébrée par Monseigneur de Cagny, une première messe inaugure et bénit ce lieu, ses habitants et ceux qui viendront s’y reposer. 

Le froid, vif ce matin-là, n’a pas découragé les participants, au contraire : ils arrivent par grappes et, en moins de deux, remplissent tous les bancs de la chapelle, en même temps que le cœur de leurs hôtes, surpris par une telle affluence. 

Quelques invitations lancées à la volée, un apéritif préparé à grand renfort de pesto et de pâte feuilletée, le petit salon vite rangé pour accueillir les convives après la messe. – Une dizaine, je pense. Peut-être quinze. Olivia et Romain n’avaient pas imaginé qu’il faudrait pousser les murs ! Vite, on imprime de nouvelles feuilles de chants, on achemine une ribambelle de petits tabourets dans la tribune de la chapelle, désormais pleine, pour asseoir les retardataires. 

Pour les amis de passage, assister à cette première messe est saisissant. Sans connaître le lieu ni les participants, ils sont rapidement submergés par une vive admiration et une profonde affection pour ce qui se vit là. Cette matinée résonne d’une amitié simple. Voir naître ce foyer de présence, assister aux prémices de sa construction, à force de petites choses, est un grand réconfort et un signe d’espérance. 

Pris de court par le nombre de convives, les hôtes et quelques bras costauds ont déplacé l’apéritif à l’extérieur, devant la chapelle. Les degrés étaient bien moins nombreux que les protagonistes mais qu’importe. – On s’est senti encouragé, entouré. Alors que les journées, ici, sont occupées par les travaux et les réparations afin de rendre les charmantes maisons normandes habitables et fonctionnelles, dans un ballet d’outils et de cloisons abattues, l’assistance nombreuse lors de cette première messe, est un soutien essentiel. Prier, c’est aussi construire. 

Le village Saint-Joseph s’installe à la place d’une congrégation religieuse, signe visible que nous sommes tous faits pour Dieu, souligne l’évêque dans son homélie. Auguste approuve, tête levée vers le prédicateur, à quatre pattes au pied de l’ambon. 

Le Pressoir. – C’est le nom que nous avons choisi, explique Romain. Un nom qui parle d’extraire le meilleur de ce qui est en nous. Un nom qui rappelle Gethsémani, le lieu où tous peuvent venir se reposer. 

Avant de recevoir les premiers résidents, l’été prochain, il reste un paquet de choses à faire, à construire, à penser… Ce jour-là, une arrivée fortuite rappelle qu’il n’est nul besoin d’être tout à fait prêt et prévenu pour commencer à accueillir. A l’issue de la messe, Monseigneur de Cagny décide d’installer le Saint-Sacrement dans la chapelle. Une surprise de taille.  – On a l’impression de le recevoir chez nous, mais c’est d’abord lui qui nous reçoit chez lui, pense Olivia. 

L’heure du déjeuner approche, chacun repart, emmitouflé dans son manteau. Jésus, lui, demeure. Il est le premier à venir habiter au Pressoir.