La parabole de l’Iphone

Nous avons commencé l’accueil il y a deux semaines, et quelques jours seulement après l’arrivée de notre premier frère, double tuile chez les Fourdinier : nos deux portables tombent simultanément en rade… et tout ça le jour de l’anniversaire d’Olivia, sinon c’est moins drôle. 

Passé l’agacement, le désespoir pour Romain de ne pas pouvoir récupérer ses précieuses (et interminables) to-do list, puis le fou rire d’imaginer la ridicule probabilité qu’il y avait pour que ça nous arrive, à ce moment-là précis, à tous les deux en même temps. Passé tout ça, donc, on s’est demandé : qu’est-ce que ça veut dire ? 

Première hypothèse, c’est un petit malin qui joue sur nos nerfs pour nous éprouver. Comme par hasard, pile poil quand la maison ouvre ses portes. Pile poil quand il faut finir tout ce qu’on a écrit sur nos notes. Pile poil quand il faut contacter un psychiatre pour prendre rendez-vous. Pile poil le jour où la famille d’Olivia appelle à la chaîne pour des bons voeux. Non, vraiment, comme par hasard ? Heureusement, contre ce genre de ptit rigolo on est bien équipés : perfusion de Présence Réelle chaque matin dans la chapelle. Avec ça, mon ptit, des smartphones, tu peux en casser, il peut rien nous arriver. 

Deuxième hypothèse, c’est plutôt un coup de pouce du Ciel pour nous faire vivre la même déconnexion que celle à laquelle on invite les frères et soeurs qui ont le courage de venir vivre au Village Saint Joseph. Et de fait, c’est quand même le bonheur : avoir aucun scrupule à pas décrocher son téléphone (puisqu’il ne fonctionne pas), lire, faire des jeux de société, invoquer son ange gardien et l’Esprit Saint pour nous rappeler seulement l’essentiel au bon moment – Adios les litanies de to-do –  faire un puissance-quatre avec son mari au petit déjeuner, ressortir une radio et un appareil photo, un vrai, guetter par la fenêtre le rayon de soleil de la journée pour sortir se promener. Bref, être plus connectés au réel que jamais. Et peut-être aussi, davantage accepter le réel tel qu’il est. 

Et notre réel, il faut le dire, il était costaud ces deux dernières semaines. Surtout parce que ce n’est pas le plus confortable d’accueillir un seul frère à la maison. Ni pour lui, ni pour nous. Alors on prie, on prie, et on prie encore, pour que d’autres viennent poser leurs valises au Pressoir. 

Les lits sont faits, on a mis votre assiette et l’eau bout déjà dans la marmite. Vraiment, venez comme vous êtes.

– Elle est belle ma femme ? – Oui chef !