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Lettre aux amis du Sycomore #5

Pont-Château, le 8 décembre 2021
Immaculée Conception de la Vierge Marie

Chers amis du Sycomore,

« Jusqu’ici, je me suis privé d’aimer ».
Terrible et salutaire parole entendue lors de l’un de nos entretiens avec une personne accueillie. Les prises de conscience ont parfois ici un caractère soudain et très profond, sans qu’un événement particulier ne vienne les provoquer. Nous en sommes les premiers étonnés. La personne qui accède à cette nouvelle perception de ce qu’elle est réellement, y parvient, selon ses propres mots, grâce au milieu dans lequel elle se trouve immergée et au climat qui règne entre tous. Ne se sentant pas jugée, mais au contraire acceptée et aimée par celles et ceux avec lesquels elle partage son quotidien, elle accède par étapes à la vérité profonde de son être.

Parfois, par contraste, cela renvoie à une douloureuse image de sa vie passée et donne un sentiment de gâchis et de temps perdu. C’est en particulier dans ces circonstances que nous expérimentons que seul l’amour guérit, relève et sauve. Il est tellement vain et stérile de se lamenter sur son histoire, ses actes commis ou subis. Garder les yeux fixés sur le rétroviseur empêche radicalement de se mettre en mouvement et d’accéder à une vie nouvelle. La seule attitude féconde est alors d’abandonner ce passé à la miséricorde de Dieu et de Lui remettre à chaque instant ce que je suis actuellement, sans me soucier de l’avenir, qui Lui appartient.

Me laisser aimer, chaque instant, que je sois à la cuisine, au potager, à la menuiserie, à la chapelle ou au ménage, est la clé de la libération intérieure. C’est un chemin exigeant, radical, qui m’invite à laisser tomber toutes mes carapaces, mes illusions et mes petites certitudes. C’est lorsque je me laisse enfin aimer tel que je suis, avec mes ombres et mes lumières, que je me découvre à mon tour comme capable d’aimer. Mon cœur creusé, labouré, retourné, devient source lui aussi. Car l’amour appelle l’amour.

Noël est la célébration de cette rencontre improbable entre ma pauvreté et l’immensité de celui qui est Amour et vient me rejoindre et me révéler son dessein d’amour sur moi. Puissions-nous tous, à l’école de la Vierge Marie, nous laisser transpercer le cœur par cette irruption dans notre vie.

Nous vous embrassons avec toute notre affection,
Patrick & Hélène
Responsables du Sycomore