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Lettre aux amis du Sycomore #7

« Je voudrais tant réussir à pardonner ».

Un aveu d’incapacité, qui révèle en creux un appel sincère et un désir profond. Une parole lourde de sens, lorsque l’on sait combien les parcours des personnes accueillies sont parsemés de blessures parfois béantes. Un appel qui résonne comme un cri : que vais-je faire de ce passé qui m’enchaîne et me pourrit la vie ? Les pardons à donner ne sont certes pas tous du même ordre, mais la difficulté à pardonner est une réalité incontournable dans chacune de nos existences. De la violence la plus terrible à la broutille qui nous agace, les blessures infligées polluent notre existence, au point de la rendre parfois insupportable. Comment nous en dépêtrer ? Qu’en faire, pour éviter de nous laisser dicter notre vie intérieure et notre conduite par ces boulets qui nous entravent et nous empêchent de connaître la vraie joie ?

Exprimer le désir de pardonner, n’est-ce pas déjà permettre au pardon de surgir ? C’est ouvrir une brèche, petite mais réelle, dans laquelle il va pouvoir s’engouffrer. La première étape est donc précisément celle résumée dans cette petite phrase : vouloir pardonner, et accepter dans le même temps de reconnaître que je suis incapable, de moi-même, d’y accéder pleinement. Consentir à ma pauvreté et mon incapacité. Quelles que soient mes qualités de cœur, vouloir du bien à celui qui m’a fait du mal n’est pas à ma portée. Ou plutôt : j’ai besoin d’une sagesse qui me dépasse pour entrer dans cette intention.

C’est la raison pour laquelle l’accès au pardon engage toute ma personne et suppose de m’engager dans un chemin d’unification intérieure. Il ne s’agit pas de balayer simplement, d’un revers de la main, un acte qui m’a blessé : il s’agit de découvrir, en en faisant l’expérience, qu’il est possible de mettre un terme à une spirale de ressentiment ou de haine et que seul l’amour véritable assure cette victoire. C’est pourquoi poser des actes d’amour humbles et discrets, jour après jour, est la voie royale pour accéder au pardon. Dans la banalité du quotidien, je découvre que seul l’amour me sort hors de moi et me libère par la même occasion du poids qui m’écrase.

Finalement, si le pardon demeure un acte libre à poser, il est avant tout une grâce à demander. Ce n’est pas un exploit que je réussis à atteindre, une œuvre façonnée à la force de mon poignet. Le pardon se reçoit de la vie même de Dieu que je choisis d’accueillir et de laisser jaillir en mon cœur. Puissions nous, en cette belle fête de la Nativité, laisser Jésus pardonner en nous et nous combler gratuitement de sa vie en abondance.

Nous vous embrassons avec toute notre affection,

Patrick & Hélène

Responsables du Sycomore