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Lettre aux amis du Sycomore #8

« Je sais que je ne guérirai pas,

et je demande au Seigneur de m’aider à vivre avec ma maladie ».

Il faut souvent des années, parfois toute une vie, pour parvenir à une telle affirmation, le cœur paisible. Notre première réaction, légitime, face à un obstacle, une épreuve, un handicap, un deuil, de quelque nature et de quelque ampleur qu’il soit, est naturellement de regretter qu’il soit. Nous avons vite fait de nous imaginer la vie que nous aurions eue si cela n’était pas advenu, et de l’idéaliser.

Mais non : cette blessure est bel et bien présente, et nous aurions beau tout faire pour la nier, l’étouffer ou la minimiser, elle n’en demeurera pas moins toujours réelle. Nous perdre dans nos illusions ou nos rêves ne nous sera pas d’un grand secours.

Commence alors un chemin de consentement au réel, unique pour chacun.

Consentement n’est pas résignation.

Nous résigner, c’est abandonner notre élan, renoncer, baisser les bras devant la dureté de la vie ou son caractère énigmatique, et adopter une attitude soumise.

Consentir, c’est lâcher les armes et chercher avec patience d’autres ressources en nous et autour de nous, pour poursuivre la route. Apprendre à reconnaître qu’en toute circonstance, et même en toute plaie béante, la vie peut vaincre, mystérieusement. Voir en chaque blessure la source de vie, cachée, qui nous invite à nous laisser aimer. Laisser convertir notre intelligence et notre cœur pour entrer dans une profondeur nouvelle, à laquelle nous n’avions encore jamais eu accès.

Il n’est évidemment pas question de magnifier les épreuves, qui restent des violences parfois terribles. Il s’agit plutôt de vivre chaque événement donné comme une occasion offerte d’aimer davantage :

Les événements, dit Dieu, c’est moi. C’est moi qui vous caresse ou qui vous rabote…

C’est moi qui vous aime. C’est moi… N’ayez pas peur !

Charles Péguy

L’ambition n’est-elle pas démesurée ? est-ce bien à notre portée ?

Avec le secours du Seigneur, oui. Lui seul est capable de nous faire entrer dans ce mystère de consentement et d’offrande de notre personne. Sans lui, nous n’irons pas loin dans cette voie. Avec lui, nous pouvons entrer dans un nouveau regard sur notre personne, notre vie, ses combats, et accueillir cette lumière, qui illumine tout.

La personne qui a prononcé ces paroles n’a pas vu le cours de son existence transformé d’un coup de baguette magique, en venant au Sycomore. Le combat continue, la lutte est parfois âpre. Mais elle peut désormais se vivre dans une paix profonde : rien ne saurait nous détourner de notre identité de fils bien-aimé du Père. Toutes nos souffrances ont un sens ; elles sont vaincues par le Christ qui fait de nous, à sa suite et avec lui, des victorieux.

Nous vous embrassons avec toute notre affection,

Patrick & Hélène

Responsables du Sycomore