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Témoignage de Bruno
Publié le 23 juin 2017
Quand je suis arrivé, je n’avais qu’une idée, c’était d’en finir. Ici j’ai découvert une autre façon de vivre.
Bruno a été accueilli pendant une année. Avant de repartir, en juin 2017, il a accepté de livrer son témoignage et de nous parler de son séjour au Village…
Quand je suis arrivé au Village, je n’avais qu’une idée, c’était d’en finir, de quitter ce monde… Dans l’idée que j’avais, une vie se devait d’être pleine et intense et je n’avais pas pu accomplir ce que je voulais. L’honneur et la dignité était perdus : je voulais donc en finir.
Avant, je vivais en Australie et je suis revenu en France chez mes parents après plus de 16 années d’autonomie. Voyant mes difficultés, mon oncle m’a conseillé le Village.
Je suis venu faire ma semaine d’essai. Au bilan, je me suis dit qu’après avoir fait quelques essais de boulot en France, je n’avais pas le choix : ou je crevais pour de bon, ou je me relevais pour de bon en pratiquant la vie avec Dieu.
Avant, je croyais que tout ce qu’il me fallait, c’était ma femme, mes amis etc. J’étais croyant depuis l’âge de 20 ans mais je ne savais pas qu’il y avait une autre perspective de vie, avec Dieu.
Ici, au Village, j’ai découvert une autre façon de vivre, loin du besoin d’être au top, toujours avec les meilleurs, en voulant le meilleur. Cet ancien mode de fonctionnement ne m’avait pas apporté de soutien, pas d’amour ; je n’avais pas la paix…
Ici, au fil du temps, mon cœur a été guéri : j’étais aimé tel que j’étais par Dieu et par mes frères et sœurs, l’espérance renaissait… Je devais accepter qu’il y avait des choses sur lesquelles je n’avais pas de contrôle.
J’ai eu beaucoup de mal au début à me lever. Mais je me suis forcé et petit à petit, j’ai pu me lever le matin. Et j’ai pu travailler, aller aux activités, avoir des journées bien occupées. J’ai pu avoir des temps de silence… Le rythme de vie à la fois cadré et souple m’a porté. Chaque jour, j’ai pu me relever un peu plus. Il y a eu des moments difficiles, et ma foi, ma spiritualité est devenue mon essentiel.
Il y a eu des moments où j’avais envie de partir, mais je savais que ce n’était pas encore possible… Alors j’ai fait des séjours à l’hôpital.
Il y a eu plusieurs fois où j’ai eu le cœur brisé quand les autres partaient : j’ai du apprendre à gérer ces départs.
J’ai aussi vécu des injustices parce qu’on n’est que des humains avec des variations, des émotions, des conflits. Il me fallait un axe, un centre fort et stable : pour moi, Dieu était la réponse.
Un autre élément difficile a été de donner mon téléphone pendant une période, c’était très dur, j’étais amputé de quelque chose qui me semblait essentiel ! Heureusement, j’ai été épaulé et accompagné dans cette étape. Et quand j’ai enfin pu récupérer mon téléphone une fois par semaine, c’était une libération et j’ai vraiment pu profiter de ces instants !
Là, je ne sais pas si je peux dire que je suis suffisamment solide… C’est à moi de savoir mes limites, mes talents, mes fragilités et de les travailler encore.
Le moment de repartir est venu. Je suis prêt et repars vers un centre de réinsertion professionnelle sur Rennes : une étape est franchie et le temps de sortir du cocon est venu.