La vie ensemble
La vie ensemble, au quotidien, nous conduit à l’émerveillement permanent. Nous sommes émerveillés de voir des personnes toutes cabossées, issues de milieux tellement différents, avec des histoires personnelles si diverses, tellement éloignées les unes des autres, qui apprennent à se découvrir, à s’apprécier, à s’aimer. Nos foyers sont des lieux où on peut faire l’expérience d’aimer vivre auprès d’une personne que l’on n’aurait jamais été amené à rencontrer ou à aimer dans un autre contexte.
En arrivant chez nous pour la première fois, chacun (ou presque) peut faire l’expérience de l’accueil aimant et concret de ceux qui y vivent.
Cet accueil est l’affaire de tous. Il est le fruit des sourires et de l’attitude de chaque personne, responsable, accueilli, ou bénévole présent à ce moment-là. C’est pourquoi le visage de notre maison du Village change au fil du temps, et en fonction des personnes qui constituent ce « corps ».
Par contre, il reste toujours cette identité très concrète, cette façon d’accueillir l’autre en l’aimant juste parce qu’il est là, peu importe d’où il vient et où il va. On ne se juge pas, on s’accueille tels que l’on est, avec nos faiblesses, nos richesses…
Dans le quotidien, la vie ensemble, la vie fraternelle consiste en des temps de partage. Les personnes qui arrivent ont souvent souffert de cette solitude qui peut avoir de nombreux visages ; on peut même souffrir de la solitude en étant très entouré, parce qu’on se sent incompris…
La vie fraternelle devient le lieu où l’on recrée du lien. C’est pour cela qu’il est important de conserver des petits foyers familiaux de 8 à 12 personnes pour que chacun puisse trouver sa place.
Les temps de repas sont importants pour retrouver les réalités et le sens de la vie ensemble. Certains devront faire attention à ne pas monopoliser la parole, d’autres devront être sollicités pour retrouver le goût de s’exprimer, d’autres auront besoin d’une attention particulière pour sortir de leurs enfermements, d’autres auront besoin d’apprendre à dire les choses avec douceur, sans blesser…
La vie fraternelle est vraiment le lieu où les personnalités se révèlent, les qualités comme les défauts. Et en acceptant cette règle du non-jugement qui consiste à ne pas enfermer l’autre dans son acte, mais à choisir de l’aimer malgré ce qui, en lui, nous dérange, en passant par des accrochages où le pardon devient nécessaire, on réajuste sa façon d’être. Les bons moments, les rires, les joies, les balades, les jeux, tous ces moments partagés reviennent habiter les vies et guérissent les cœurs blessés. Au Village, on apprend à changer son regard et à positiver, mais on vit aussi des moments plus difficiles. On apprend (ou réapprend) à passer ces caps, à accueillir ces épreuves pour les dépasser ensemble : c’est après la pluie que l’on peut voir les arcs en ciel !
« Quand on est accueilli avec un regard neuf, quand on se sent aimé comme on est, on retrouve le goût de vivre. »
Une consigne qui est souvent rappelée au Village : c’est qu’il est important d’accueillir l’autre tel qu’il est, là où il en est. Dans la vie ensemble, on ne pose pas de questions au nouvel accueilli pour savoir qui il est, d’où il arrive, ce qu’il a fait avant. Ce n’est pas de l’indifférence, c’est une volonté affirmée de recevoir l’autre dans cette identité profonde d’être humain sans l’enfermer dans ce qu’il a été, pour lui laisser l’espace de révéler qui il est véritablement aujourd’hui, laisser la place au changement.
Et cette vie fraternelle rayonne également vers les bénévoles.
« Ici, j’ai le sentiment d’avoir trouvé le sens de ma vie en aidant mes semblables dans la détresse. Un échange se crée tout naturellement et je reçois au centuple ce que je peux offrir. Quelle richesse pour le cœur et pour la vie ! Ce temps où je me donne chaque semaine est devenu la clé de ma paix intérieure et de mon épanouissement.»
Martine C., bénévole