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Sortir de l’addiction

Notre association offre une alternative aux centres de postcure, ou arrive en relais à la sortie de postcure ; c’est une chance et une opportunité pour ceux qui n’ont pas réussi à reprendre une vie normale en suivant le circuit habituel. Ici, le décloisonnement des types d’accueil permet d’apaiser les souffrances ; et il permet une dynamique, un brassage où chacun peut trouver sa place en aidant aussi à sa façon l’autre parce que son problème est différent. On peut à la fois aider et être aidé, donner et recevoir, aimer et être aimé : la vie en foyer est une des clés du succès.

Nous accueillons des personnes choisissant de sortir de situations d’addiction, que celles-ci soient liées à des substances psychoactives (alcool, drogues, médicaments) ou à un comportement (jeux d’argent, jeux vidéo, sexe…).

Soigner non seulement le cœur et le corps, mais aussi l’esprit et l’âme, la personne dans sa globalité : cette conviction sert de fil conducteur aux accompagnants. Les entretiens individuels sont réguliers et permettent de suivre l’avancement, de voir la progression.

Le parcours se déroule en 3 étapes.

Notre proposition

Étape 1 : se libérer de l’addiction

Choisir l’abstinence

Les personnes arrivent sevrées, c’est une condition d’admission. Au Village Saint Joseph, l’alcool et la drogue sont interdits ; la sanction prévue par le règlement est l’exclusion.
Le sevrage a généralement été réalisé dans un service d’addictologie. Il faut quelques mois, voire parfois quelques années pour consolider ce sevrage, dans un environnement protégé et loin des tentations : nous avons l’avantage d’être situés à la campagne.
Pour les addictions liées à un comportement, les situations sont également adaptées. Au Village Saint Joseph, on n’a pas la télévision ni Internet (l’accès à Internet est cependant possible dans un second temps lors de la préparation de la sortie). Et si le problème est lié à une addiction aux jeux vidéo, il est demandé à la personne de se séparer de son ordinateur.

Opter pour une immersion totale

Après un sevrage, le risque de rechute est fort quand on se retrouve plongé dans son environnement habituel ; l’arrivée au Village est déjà un premier pas. Pour aller plus loin, il est généralement demandé de couper temporairement les liens avec l’entourage pour permettre une immersion dans un environnement tout autre. Pour certains, il est même proposé de se séparer un temps de son téléphone mobile, et/ou de son ordinateur.

S’engager sur des objectifs

Après une semaine de découverte, la personne rentre chez elle et doit choisir de revenir.
Sur cette base du libre choix, le nouveau résident et son référent-accompagnant se mettent d’accord sur les objectifs à atteindre : une convention d’accueil est signée entre les deux parties.

La parole révélatrice. Trouver les mots pour exprimer ses maux…
Des temps de paroles réguliers avec l’accompagnant permettent de révéler l’origine de l’addiction : des situations vécues, des blessures. Être capable de parler d’une angoisse, d’un désir, c’est prendre conscience des causes de la maladie. Dans cette vérité, la personne sait sur quoi elle doit travailler.

Les éléments étant posés, l’étape suivante peut être abordée.

Étape 2 : se restructurer, changer ses habitudes, trouver de nouveaux repères

Retrouver le goût du « vivre ensemble »

Nos petits foyers (10 personnes) ont pour ambition de créer une atmosphère chaleureuse et familiale. La problématique de la perte de lien social se résout au fil des jours par ce temps de vie en foyer. Avec le « vivre ensemble », la personne peut expérimenter de façon concrète que la solidarité permet de trouver dans le groupe et la vie collective un réel plaisir ; elle retrouve la satisfaction de nouer des relations, d’être avec l’autre.

Retrouver une hygiène de vie et un rythme avec les activités

Après 17 années d’expérience, le constat de base c’est que, si la personne va mieux en partant du Village Saint Joseph, c’est parce qu’elle a accepté de changer certains comportements, certaines habitudes, son mode de vie. Elle a de nouveaux repères.
Il faut se lever le matin, retrouver des horaires de repas, de coucher, et surtout, il faut être actif.
La participation aux activités, 5 heures par jour, est obligatoire. (Voir plus de détails en cliquant ici)

Prendre en compte la dimension spirituelle de l’homme

Cela permet à chacun de redécouvrir toutes les dimensions de son être. Les temps de prière, même s’ils sont seulement proposés, invitent à redécouvrir l’intériorité de son être. Souvent, les arrivants sont interpellés par la façon dont ils sont accueillis, par l’amour qui circule entre les personnes : le questionnement nait, la dimension spirituelle prend sens. Cette découverte ou ce retour vers la spiritualité est une des clés majeures pour que les changements qui se sont opérés s’inscrivent dans la durée.

La parole libératrice. En poursuivant son travail avec l’accompagnant, la personne accueillie doit se libérer de ce qui l’angoisse et l’oppresse. Il y a presque toujours un travail de pardon à donner à soi-même ou à ceux qui nous ont fait du mal : ces pardons nous libèrent car ils permettent de sortir du statut de victime (ou d’oppresseur) et de retrouver sa dignité. Ces PARDONS libèrent de l’amertume ; les conséquences de ces blessures peuvent alors être transcendées et, comme « ce qui ne tue pas, rend plus fort », ces événements apaisés permettent d’aborder le futur avec sérénité et de ne pas avoir peur des épreuves qui ne manqueront pas de se présenter dans le futur, et de les relativiser. Les PARDONS permettent une véritable métamorphose de la personne accueillie et deviennent source de rayonnement.

A cette étape, la personne doit retrouver une image positive et réaliste d’elle-même, apprendre à capitaliser sur ses qualités et travailler sur les points d’amélioration identifiés. L’objectif, à cette étape, est de se préparer pour retrouver sa capacité à l’autonomie.

« Réduit-on une personne à ses erreurs ? La cloue-t-on à un seul de ses actes ? Nul n’est que bon ou que mauvais. Pardonner revient à prendre conscience qu’un destin s’improvise constamment, qu’on ne le figera pas dans le passé, encore moins dans un instant unique. Demain n’est pas hier. » (E.E. Schmitt)

Étape 3 : préparer sa réinsertion, ancrer de nouveaux repères

En reprenant son envol, le résident passe d’un lieu où il est très entouré, dans une atmosphère bienveillante, un cocon qui lui a permis de se reconstruire et de panser ses blessures, vers le monde d’aujourd’hui dans lequel il reste encore vulnérable…
La fin du séjour au Village Saint Joseph est une étape importante qui doit être préparée ; certaines personnes ont besoin d’être plus accompagnées dans cette nouvelle phase de leur vie pour limiter le risque de rechute.

Faire des choix

Dans cette phase importante où il y a des décisions à prendre, un accompagnement particulier et adapté est proposé à la personne. Il est réalisé par un éducateur qui connait bien le monde de l’entreprise, le monde du travail. Dans le cas de ceux qui souhaitent rester dans la région, sa bonne connaissance du tissu économique local est sollicitée.
Les structures existantes (Pôle Emploi…) sont sollicitées si besoin pour un bilan de compétences, ou toute autre aide nécessaire pour favoriser le retour à l’emploi.
Parfois, c’est une formation qui est choisie pour renforcer une compétence ou valider un changement d’orientation. Cette réflexion peut également déboucher, pour les plus fragiles, sur un choix de vie autre que le retour à l’emploi (par exemple : reconnaissance travailleur handicapé, invalidité…).

Ancrer les changements d’habitudes

La pérennité des changements accomplis dépend clairement de la capacité de la personne à consolider et enraciner les nouveaux repères acquis, sans retomber dans ses impasses, ses vieux schémas.
La capacité renouvelée à créer du lien social doit être maintenue.

Si besoin, passer par une colocation solidaire

Dans certains cas, la métamorphose est radicale et demande une étape intermédiaire pour enraciner les changements et les nouveaux repères. Dans ces cas, seul le temps peut entériner le travail qui a été réalisé : la transition plus douce et plus progressive est vraiment une clé de la victoire. Une colocation solidaire, à l’essai près de Guingamp, se veut une tentative de répondre à cette problématique de durabilité des changements qui ont pu s’opérer.
Dans d’autres cas, les personnes peuvent aussi être orientées vers des structures du type colocations Lazare…

La parole reconstructrice. À cette étape, l’important est de se préparer à retrouver une place dans la société, de reprendre la maîtrise de sa vie, de retrouver sa capacité à l’autonomie et à la citoyenneté. L’accompagnant aura des paroles de soutien, d’encouragement. De moins en moins de conseils, de plus en plus de questions pour accompagner ce retour vers l’autonomie.

La sortie est prévue selon les cas ou bout de 6 à 24 mois. Chacun est différent, chaque situation est particulière.

Le suivi médical

Les personnes accueillies pour des problèmes d’addiction sont orientées pour un suivi médical au Centre Médico-Psychologique ou chez un médecin. Ceux qui ont un traitement médical font l’objet d’un suivi quotidien particulier. Si besoin, la personne est orientée vers un médecin psychiatre ou un psychologue pour un suivi spécifique.
Dans certaines situations, un séjour en service d’addictologie en milieu hospitalier est également possible (Hôpital de Plouguernével situé à 10 km).

L’importance de l’accompagnement, de la parole

Extrait de « Addictions et lutte contre les exclusions : Travailler ensemble » édité par la FNARS

« L’accompagnement est devenu un axe essentiel des politiques publiques en addictologie. Il a été officialisé par les décrets relatifs aux missions des CSAPA et CAARUD. Parfois présenté comme le complément psychologique et social du traitement médical, ses fonctions sont en fait plus fondamentales : il participe à la redéfinition de la notion de guérison, à l’évolution de la relation avec l’usager et du temps de traitement. L’accompagnement aide l’usager à s’approprier ses propres motivations au changement en se décentrant d’une finalité unique, l’abstinence par exemple. Il a pour fonction de rétablir une expérience de satisfaction, une relation « positive » à l’environnement, dans des conditions à moindre risque. L’accompagnement concrétise une évolution de la relation à l’usager en promouvant la notion d’association, de libre adhésion, de projet, là où régnait la seule notion de contrat et de contrainte. Il rappelle la nécessité de susciter l’engagement de l’usager dans une visée qui fait du confort de vie un objectif respectable et respecté. Accompagner se pense comme une succession d’interventions visant à aider l’usager à reprendre la maîtrise de sa vie et à retrouver sa capacité à l’autonomie et à la citoyenneté. C’est un processus qui se déroule dans la durée. »